Jusqu’au milieu des années 90, les développeurs japonais de la plupart des sociétés de l’industrie avaient pour coutume ou, plus souvent, pour obligation de ne pas révéler leur identité véritable et d’utiliser des pseudonymes dans les jeux auxquels ils avaient participé. Certains d’entre eux rendaient la tâche encore plus ardue aux futurs chercheurs en utilisant plusieurs pseudonymes puis, quand ils avaient enfin la possibilité de signer de leur vrai nom, plusieurs patronymes. Keiko Tanaka est un parfait exemple de ces parcours dont on ne parvient à saisir que des bribes ici ou là, se faisant tantôt créditer sous le nom de Keiko-chan, avant de vraisemblablement se faire appeler Yanbaru puis d’opter pour un 3e pseudonyme – Chuuko – après avoir changé une première fois d’entreprise (elle utilisait encore le pseudonyme de Chuuko sur Twitter en 2017). Le grand public a découvert ses traits à la télévision au début des années 2000 sous le nom de Keiko Ijuu, avant de finalement porter le nom de Keiko Tanaka depuis quelques années.

Entrée chez SNK au milieu des années 80, Keiko Tanaka est devenue l’un des visages de la marque à une époque où elle n’en était pourtant plus salariée et où la marque elle-même avait changé.
Comme il était alors de coutume pour les nouveaux employés de cette société, elle débute en passant un mois chez SNK à faire du debugging, en l’occurence sur le jeu TANK / T.N.K III (1985), dirigé par Koji Obada. Ce dernier enchaîne avec Ikari Warriors (1986), jeu inspiré de Rambo sur lequel Tanaka travaille en tant que graphiste. Ikari Warriors est l’une des séries à laquelle elle sera le plus longtemps attachée. Elle travaille notamment sur les décors des versions Arcade et Famicom de sa suite – Victory Road (1986) – avant de diriger le 3e épisode – Ikari III (1989). Près de deux décennies plus tard, elle sera celle qui demandera à inclure les deux principaux personnages de la série – Ralf et Clark – dans Metal Slug 6 (2006).

Ikari Warriors, Victory Road, Ikari III et Metal Slug 6

En début de carrière, en parallèle à ses tâches de graphiste, il lui arrive d’être appelée en renfort sur la chaîne de production de PCB de SNK , dont le bâtiment est alors situé en face du sien. Elle prend aussi en charge l’enregistrement des voix digitalisées de certains jeux, ainsi que celui d’une démo de la chanson produite pour Psycho Soldier (1987), laquelle sera aussi utilisée pour la version Famicom d’Athena, sortie peu de temps après. Plus tard, elle prêtera même sa voix sur plusieurs chansons de la série Power Instinct.

Athena et sa cassette audio

Dès 1988, elle se voit confier la tâche de concevoir son premier jeu – Paddle Mania -, développé en partie pour permettre à SNK d’écouler un stock de PCB. Elle poursuit ce travail de directrice / productrice (les crédits sont assez flous à ce sujet) sur Ikari III, Sengoku I et II (1991-93) puis quitte SNK pour rejoindre Atlus dont une branche a ouvert à Osaka.
Elle co-crée et co-produit la série Power Instinct (1993), sur laquelle elle prête sa voix en plus de s’occuper de certains des décors. Elle est suivie dans son aventure du graphiste Tama (avec qui elle a travaillé sur la trilogie Ikari) et du compositeur Toshikazu Tanaka (connu notamment pour Fatal Fury 1), lequel a lui aussi débuté sur Ikari Warriors et l’accompagne depuis dans la plupart de ses projets.

Paddle Mania, Sengoku, Sengoku II et Power Instinct

En 1998, elle fonde Noise Factory, société qui va devenir l’un des partenaires de développement de SNK puis de son successeur – Playmore. Noise Factory développe notamment Dark Arms: Beast Buster sur Neo Geo Pocket Color, puis Sengoku III (2001), Power Instinct Matrimelee (2003) et Metal Slug 4 (2002) pour la NeoGeo. Sur ce dernier, Tanaka indique que le développement a duré plus d’un an et a débuté avant la faillite de SNK. Sa relation avec Mega Enterprise, société qui a financé et co-développé le jeu, fut difficile, au point qu’elle menaça de partir en cours de développement.

Dark Arms: Beast Buster, Sengoku III, Metal Slug 4 et Power Instinct Matrimelee

Elle travaille aussi sur l’adaptation en 3D de Metal Slug ainsi que sur Metal Slug 7, des épisodes qui peinent à rivaliser avec les premiers opus en termes de popularité. Idem avec les premières itérations 3D de la série The King of Fighters, Maximum Impact.

Au milieu des années 2000, elle apparaît à plusieurs reprises dans des émissions télévisées pour représenter SNK et ses licences Ikari Warriors et Metal Slug. Depuis Gaia Crusaders (1999), jeu d’arcade qui est aussi le dernier titre connu sur lequel elle est créditée comme graphiste, elle travaille essentiellement sur des licences d’autres sociétés, en tant que productrice ou directrice.

Metal Slug 7, The King of Fighters: Maximum Impact, Gaia Crusaders

Noise Factory ferme ses portes en 2017, avant que Keiko Tanaka n’annonce la création de son successeur spirituel en 2022 : Noise Cor.